Il y a un an, des chercheurs ont mis au point un intestin fonctionnel, réalisé à partir de cellules-souches. Ce modèle miniaturisé a fait l’objet d’étude d’une maladie rare en laboratoire. En tout cas, les patients assujettis à des problèmes d’intestin pourront se réjouir à l’annonce de cette nouvelle. En particulier ceux qui souffrent de maladies digestives, comme la maladie de Hirschsprung qui est caractérisée par une constipation et une occlusion intestinale.
Un modèle biologique fonctionnel
Cette prouesse médicale n’est pas passée inaperçue. Présentée dans Nature Médecine, le mini-intestin est le fruit de recherches développées à l’université de Nantes par une équipe franco-américaine. Ce sont les premiers scientifiques à avoir expérimenté un tel exploit, car il est ici question de récréer un organe humain. Ce modèle biologique est présenté comme le « second cerveau », d’autant que l’intestin joue un rôle essentiel dans l’organisme.
Souvent comparé à deux terrains de tennis, l’intestin est pourvu d’un système nerveux propre à lui qui contrôle la contraction des muscles intestinaux. Entre autres, il assure de nombreuses fonctions dont la digestion, la sécrétion de certaines hormones, mais également la perméabilité des parois de l’intestin. Les dysfonctionnements de ces neurones peuvent être à l’origine de nombreuses pathologies, parfois sévères.
Un processus de fabrication exceptionnel
Afin de mettre au point cette invention unique, les chercheurs ont commencé par cultiver des cellules-souches pluripotentes humaines en vue de les transformer en tissu intestinal. Certes, ce processus n’est pas tout à fait nouveau. Toutefois, il se distingue par la reproduction, en parallèle, de cellules nerveuses intestinales à un stade embryonnaire que sont les crêtes intestinales. Une approche qui a fini par aboutir après un premier essai raté.
Ensuite, les deux cellules obtenues ont été placées dans une boîte de culture. « La difficulté de cette étape était d’identifier comment et quand incorporer les cellules de la crête neurale dans l’intestin en développement précédemment créé in vitro » avait rapporté Maxime Mahé, premier auteur de ce travail. L’avancée a été plutôt concluante, car au final on a pu créer un tissu intestinal semblable à l’intestin fœtal.
Une étape essentielle dans l’histoire de la médecine
L’étape suivante consistait à vérifier que ces mini-intestins soient fonctionnels. Ils ont alors été greffés sur des souris dépourvues de système immunitaire pour éviter les phénomènes d’anti-rejet. Une transplantation qui a permis d’observer le développement de ces organoïdes in vivo.
A l’aide de ces derniers, on pourra bientôt mettre au point de nouveaux traitements. D’après les chercheurs de l’Inserm, d’autres possibilités ne sont pas à exclure, comme l’étude du diabète ou encore les modifications occasionnées par la chirurgie bariatrique de l’obésité.
« Cette nouvelle technologie offre une plateforme de ‘screening’ pour de nouvelles thérapeutiques intestinales » s’était félicité Maxime Mahé. D’ici peu, elle permettra également de faire pousser une section d’intestin sain en guise de greffe à un patient. Des applications virtuelles multiples au profit de la médecine moderne !