La flexisécurité : la France peut-elle s’en inspirer ?

Le voyage d’Emmanuel Macron au Danemark semble porter ses fruits. À part les questions politiques qui l’animent, le Président français est aussi séduit par le flexisécurité danois. Comme son nom l’indique, ce système tend à libéraliser le marché du travail pour les entreprises, tout en assurant la sécurité de l’emploi pour les salariés.

Bénéficiant aux deux acteurs, il constitue une excellente solution pour abaisser le taux de chômage. Cela a même été possible en Danemark, car depuis sa mise en place, les jeunes n’ont plus de difficulté à trouver un travail, avec un taux de chômage de seulement 5 %. Mais, la France peut-elle s’en inspirer ? Réponses.

Un concept assez intéressant

fléxisécurité

Contrairement à ce que l’on pense, la notion de flexisécurité est apparue pour la première fois aux Pays-Bas, après la mise en vigueur d’une loi sur la flexibilité et la sécurité. Néanmoins, c’est au Danemark qu’elle trouve plus d’écho.

Pour cause, ses principes ont été mis en place depuis 1999 par les autorités danoises. Actuellement, elle a presque 20 ans d’existence. Et d’après le niveau de chômage dans le pays, apparemment, elle a connu un franc succès, ce qui explique pourquoi elle suscite un fort engouement dans le monde entier.

Au début, l’établissement de la flexisécurité était justifié par le souci d’abaisser le taux de chômage qui avoisinait les 11 % dans les années 90. À cette époque, le gouvernement souhaitait également alléger les charges fiscales des contribuables, surtout des entreprises. Ainsi, pour s’extirper de ces problèmes, il a donné plus de liberté aux entreprises notamment en matière de licenciement, sans pour autant négliger les conditions de travail des salariés.

Les principes de base de ce système

les travailleurs au Danemark

À la différence du système français, le modèle danois se rapproche un peu plus de celui du marché de travail anglo-saxon. Déjà, la législation est plus souple. À titre d’exemple, le délai de préavis est plus court. En d’autres termes, il ne peut excéder de trois mois, ce qui permet aux employeurs de congédier leurs salariés en cas de baisse d’activités.

À part cela, la flexisécurité accorde également aux deux parties de décider ensemble du modèle et de la durée du travail, car ces conditions ne sont pas imposées par la loi. Cela pour dire que l’État n’intervient pas souvent dans les relations de travail. Ce dernier décide même de diminuer ses interventions afin de donner plus de flexibilité aux employeurs.

En contrepartie de ces avantages accordés aux entreprises, les salariés bénéficient également d’un certain nombre de droits. Ici, on peut relever en premier lieu, le droit syndical. Celui-ci fait d’ailleurs partie des droits fondamentaux en Danemark. Pour preuve, la loi n’encadre pas le droit de grève. Généralement, les accords se déroulent au sein de l’établissement, entre les représentants de l’employeur et les délégués syndicaux. D’après les chiffres, 90 % des salariés au Danemark sont membres d’un syndicat.

À part cela, les travailleurs reçoivent aussi des indemnités assez conséquentes en cas de licenciement. Ces allocations ne proviennent pas de l’entreprise à laquelle il avait travaillé, mais d’un organisme privé recevant des aides de la part de l’État. En ce qui concerne le montant, il faut savoir qu’il est similaire à celui du salaire, ce qui permet de maintenir le niveau de revenu, même en cas de chômage.

Mais pour prétendre à de telles indemnisations, le salarié est tenu de rester en activité durant la période de chômage. En effet, il est obligé d’accomplir un stage en entreprise ou une formation au sein d’un établissement public ou privé dans les six mois qui suivent la cessation de travail. Le but est de faciliter sa réintégration dans les marchés du travail.

Les leçons que la France peut en tirer

À Copenhague, le Président français n’a cessé de vanter les mérites de la flexisécurité. Selon lui, un tel système devrait être transposé en France pour lutter contre le chômage. En réalité, il est assez simple d’adopter des réformes du point de vue de la flexibilité. En effet, il serait plus facile de réduire le délai de préavis, ou encore celui de la protection des travailleurs.

Par contre, du côté de la sécurité, le travail nécessite encore beaucoup d’efforts de la part du gouvernement. Ici, on fait principalement référence à l’augmentation des prélèvements fiscaux pour subvenir aux dépenses sociales que pourrait provoquer un tel changement.

Pour pouvoir fonctionner en France, la flexisécurité doit également mobiliser toute ou presque les citoyens français, surtout les travailleurs. Si l’on s’en tient à l’expérience danoise, il faut rappeler que la mise en place du système avait acquis le consentement de plus de 90 % des syndicats.

Une situation qui n’est pas la même qu’en France. D’après les chiffres officiels, le niveau de représentativité des syndicats n’est pas très encourageant. Cela pour dire que le pays a encore un long chemin à faire avant de pouvoir s’engager pleinement dans la voie de la flexisécurité.

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